Le mountainboard c’est dangereux?

On répond aux questions ou affirmations qui reviennent souvent quand on ne connait pas le mountainboard. « ça doit être hyper dangereux? », « ah vous avez les pieds attachés, vous devez vous faire mal quand vous tombez? » , « c’est dangereux votre truc vous pouvez pas freiner !!! » …..

Résumé pour les pressés : Si vous n’allez pas jusqu’au bout de l’article, la réponse est NON, le mountainboard n’est pas plus dangereux que n’importe quel sports de glisse, il suffit juste de bien s’entraîner et faire attention à certains points comme dans n’importe quel sport. On vous explique tout ça en détails, en chiffres et en exemples concrets…. Ce qu’il faudra retenir c’est un seul blessé en initiation depuis 5 ans, des « pros » ou riders réguliers qui ne se sont jamais ou très peu blessés en 20 ans de pratique.

PS : Il manque à ce jeune homme une roue et des fixations mais c’est déjà pas mal, merci Mika et merci l’IA

INTRO

Pour introduire le sujet, le mountainboard est un sport de glisse, un sport à sensation, un sport extrême, appelez cela comme vous voulez, c’est un sport qui comporte une part de risque plus élevée que les fléchettes ou la belotte ça c’est sûr. Comme les autres sports de cette famille (skateboard, snowboard, wakeboard, vtt….) l’objectif est de trouver des sensations en ce déplaçant à une certaine vitesse sur des terrains aménagés ou non, de sauter, faire la course, réaliser des figures etc…. pour y parvenir il arrive de chuter et c’est normal. Chuter fait partie de notre sport, l’objectif donc comme dans les autres sports est d’éviter de se blesser quand on chute et il y a plusieurs moyen pour y arriver….on développera. Une blessure bête peut toujours arriver au même titre que vous casser un bras en ratant une marche d’escalier mais ça c’est la vie.

Quelques chiffres : nous proposons des initiations d’1h45 à des groupes depuis 2018, on parle de 300 à 400 personnes par an, notre bilan accident c’est un tibia fracturé d’un jeune en fin de séance qui n’a pas écouté les consignes, a foncé tout droit, chuté et s’est retrouvé avec la planche dans le tibia. On ne nie pas les bleues sur les fesses, petites égratignures et quelques foulures aux chevilles, mais c’est tout !!! Nous intervenons également plusieurs fois par an, en initiations découvertes sur des journées spéciales, événements glisses ou autres. Il s’agit là en général de quelques descentes uniquement mais entre 50 et 100 personnes par jour, là encore quelques bleus et égratignures mais aucun accident à déclarer.

On va dissocier la suite de cet article en 2 : les pratiquants réguliers et le mountainboard en initiation

Le mountainboard en initiation et/ou lorsqu’on on débute. On considère 4 points essentiels pour débuter le skate tout terrain en toute sécurité, que ce soit seul ou en pratique encadrée : 1. le terrain, 2. l’équipement, 3. les conseils, 4. le port des protections.
1/Le terrain tout d’abord, commencez doucement sur une pente faible avec un plat ou une montée pour vous arrêter. Puis partez de plus haut ou dans terrain avec un peu plus de pente… bref allez-y progressivement. Descendez une piste noire en ski alors que vous n’avez jamais fait un virage, vous risquez de ne pas vous en sortir indemne.
2/Votre planche ensuite, elle doit être adaptée à votre gabarit et votre pratique. Essayez de descendre n’importe quelle piste avec un vtt pour enfants ce ne sera pas gagné.
3/Les conseils, bien que le mountainboard soit assez intuitif pour certaines personnes, ne vous surestimez jamais, de bons conseils sont la clé pour réussir vos premières heures. Si vous n’êtes pas encadré et que vous débutez seul regarder des vidéos, questionner la communauté, etc…. par exemple : Débuter en mountainboard !!!!
4/ Le port des protections est essentiel quand on démarre, munissez vous à minima du casque et des protèges genoux, coudes, poignets.

Quand ces 4 points sont respectés, les risques de chutes et par conséquent de blessures sont fortement minimisés. Nous apprenons rarement à chuter cependant avoir le position adaptée et savoir comment réagir quand on perd le contrôle permettent de se rattraper plus facilement, de tomber de moins haut, amortir plus facilement la chute, ainsi réduite le risque de blessure. Trop de gens arrêtent le mountainboard et/ou se blessent après 2 sessions parce qu’ils commencent dans un chemin trop en pente, avec une planche trop petite, sans conseils et sans même un casque, difficile de prendre goût à la discipline dans ces conditions je vous l’accorde….et c’est bien dommage !!!

Maintenant, est-ce plus risqué quand on pratique régulièrement ?
Tous les pratiquants qui roulent depuis plusieurs années ont dans leur entourage une personne qui a été blessée (encore une fois idem pour les sports frères skate, snowboard ou vtt).
A nouveau quelques chiffres et bilans : Depuis 2019 l’école de mountainboard comptent 12 jeunes, 20 depuis septembre 2024, ils roulent 1h45 tous les mercredi, font des exercices, apprennent de nouvelles figures et chutent donc régulièrement. La seule blessure que nous pouvons relater est une entorse de la cheville en 5 ans.
Maël, qui écrit cet article, pratique depuis plus de 20 ans (compétitions nationales et internationales), n’a eu qu’une entorse à une cheville, Noé un des premiers jeunes qui nous a rejoint et débuté en 2018, champion du monde -18 ans en 2023 (Boardercross et Freestyle) et plusieurs fois sur les podiums des championnats de France ne s’est jamais blessé. Allez on pousse un peu plus loin, Matt Brind (environ 10 fois champions du monde), sans aucun doute le rider qui a le plus repoussé les limites du sport, n’a à son actif qu’une seule fracture à la mâchoire lors d’un entrainement avec Nitro Circus (l’airbag qui sert à s’arrêter était trop gonflé et l’a propulsé violemment vers le sol quand il s’est jeté dedans), blessure avec une planche au pied donc mais pas lors d’une tentative de figure. Et quand on parle de « figures » par Mr Brind voilà de quoi on parle…(vous verrez aussi comment il s’arrête à la fin de la vidéo et le type d’airbag cause de la fracture) : Double it , ce n’est pas un 360 sur une bosse de 50cm.
Matt nous a également confié plusieurs entorses aux chevilles et poignets, quelques problèmes à un genoux et une épaule mais pas d’autres fractures ou blessures graves.
Allez demander à Tony Hawk, Shaun White ou autres cadors de la glisse combien de blessures ils comptabilisent?
Voilà pour les bons exemples, d’un autre coté, nous roulons également les week-end en « pratique libre », c’est à dire que le terrain est ouvert et les membres du club qui le souhaitent peuvent venir rouler. Le bilan depuis 2018 est là plus conséquent : 2 clavicules fracturées et récemment un bras cassé. Si vous êtes venus lors des championnats de France, vous avez la aussi pu apercevoir un ou 2 camions de pompier puisque le bilan de la compétition en 2024 c’est 2 poignets, une clavicule et une élongation de l’épaule (on rappel que ce bilan est exceptionnellement élevé et qu’il n’y a eu aucun blessé lors des derniers CDF en 2023 et 2022).

Alors comment explique-t-on une telle différence entre les cours encadrés, la pratique libre et la compétition. On peut attribuer les blessures à 3 familles, par ordre d’importance : 1/ le manque de pratique 2/ le mauvais jugement de ces capacités ou prise de risque trop importante 3/ la blessure « bête » ou « inévitable ». On va développer chaque point mais par expérience et pour avoir vu un certain nombre de blessures, la blessure « bête ou inévitable » représente moins de 15% des accidents (exemple blessure à la mâchoire de Matt – cf plus haut).
1/ le manque de pratique ou pratique trop occasionnelle est une des raisons principales de blessures en mountainboard. Vous avez atteint un certain niveau il y a quelques années, mais vous ne roulez plus beaucoup et vous souhaitez malgré tout envoyer du lourd comme avant…. très bien vous réussirez peut-être vos figures, peut-être pas et le risque est bien lorsque vous allez tomber. Vous vous souvenez comment lancer un 360 mais est-ce que votre mémoire corporelle se souviendra de comment réagir si il vous manque un quart de tour? la réponse est non, et c’est là que le risque de blessure est accrue. Idem si vous débutez mais que vous pratiquez que quelques fois par an, vos automatismes en cas de chute ne serons jamais acquis. Voilà ce qui différencie nos jeunes en cours tous les mercredis, par rapport à des pratiquants occasionnels : la régularité de la pratique, par conséquent le nombre de chutes et l’automatisme de se mettre dans telle ou telles positions quand la chute arrive. Ce premier point est, à mon avis, la cause de plus de 50% des blessures en mountainboard.
2/ le mauvais jugement de ces capacités ou prises de risques trop importantes peut être en lien avec le point 1 mais pas obligatoirement. Exemple : je n’ai jamais fait de backflip et je tente un backflip sur la terre. Ceci est caricatural mais ça s’est déjà vu. L’apprentissage de figures doit se faire pas à pas, avant de tenter un 360 j’apprend et je maîtrise le 180…. Avant de tenter mon premier backflip sur la terre, je m’exerce dans l’eau, dans un bac à mousse ou un airbag, et je vais sur la terre qu’une fois que je maîtrise la figure. Il en va de même pour la vitesse, avant de me lancer à fond dans une pente, je maîtrise ma planche à faible allure, moyenne allure et je sais m’arrêter en milieu de pente si nécessaire.
Les compétitions sont des moments ou les participants vont donner le meilleur d’eux même et parfois tenter des figures qu’ils ne maîtrisent pas toujours dans l’espoir de faire un bon résultat. La encore il y a une différence entre celui qui ne maîtrise pas mais à déjà tenté 50 fois la figure et celui qui maîtrise presque mais n’a tenté que quelque fois la figure. L’un à appris à chuter ou se rattraper spécifiquement pour cette figure, l’autre non, le risque de blessure dans ce cas est accru.
3/ l’accident bête vient souvent d’un facteur extérieur, ça peut-être une fixation qui casse (on n’est jamais préparé à cela), un chien qui traverse, un tremplin qui cède … mais il peut aussi arriver qu’on chute mal et qu’on se blesse, souvent sur quelque chose qu’on maîtrise ou quelque chose de pas ouf d’ailleurs (le risque 0 n’existe pas).

CONCLUSION

Pour conclure, le mountainboard est un sport qui comporte une part de risque mais n’est pas plus dangereux que n’importe quels autres sports de glisses. Les chutes font partie de l’apprentissage. Les clés pour minimiser le risque de blessure et maximiser votre longévité dans ces sports sont : de disposer de l’équipement adapté, de pratiquer le plus possible, toujours y aller progressivement et persévérer. On rappel également que le mountainboard est un sport amateur et qu’aucun pratiquant au monde n’est pro (c’est à dire pas programme d’entraînement spécifique, préparateurs physiques, infrastructures pro….), ceux qui parviennent aux podiums des championnats du monde, sont cependant des athlètes qui roulent beaucoup, se sont préparer pour et savent mesurer les risques.

Allez à bientôt sur des roulettes et pas sur une civière.

Cet article a été approuvé par un des premiers mountainboarder français, un kiné du sport et le président de la république.

Et après ces belles paroles, on vous laisse la dessus (où personne n’a été blessé ;)) :

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